A God
Here lies a god who was obtuse, just like us.
Who never knew how to love, with a child’s
Simple love. Who was awkward and brash,
Because he had no words to clear the air.
And who died without unleashing
His powers—in this, he was our twin.
And who never ceased to be amazed
At being, like ourselves in our last days.
Was he a son? Yes, but a son in revolt,
Who insulted his father. A son who chose
To die, in the derangement of his pride.
Still, he wished he had lived, if only for an hour,
To hold the hand of that child he could not be—
Though their tears were often one and the same.
Un dieu
Ci-gît un dieu qui n’aura pas compris
Mieux que nous. Qui n’aura pas aimé
Comme un enfant le peut. Qui était gauche,
Qui fut violent, faute des mots qui clarifient.
Et qui mourut sans avoir fait usage
De ses pouvoirs, en ceci notre proche,
Un qui ne cessa pas de s’étonner d’être
Comme nous le faisons, à nos derniers jours.
Fut-il un fils ? Certes, mais révolté,
Qui insulta son père, et décida
De mourir, par désordre de son orgueil.
Mais qui aurait voulu, au moins une heure, vivre,
Prenant la main de l’enfant qu’il ne put
Ëtre, bien qu’avec si souvent les mêmes larmes.
A Poet
Did he want to be a torch
He could toss into the sea?
He went far among the puddles
Between distance and the sky.
When he came back to us, by then
He’d been unwritten by the wind–
Even though his fist had clutched
Entire worlds of smoke.
Scattered leaves of Sibyls,
Phrases warped and racked …
What was he saying? Who can tell.
He believed in finding plainer words;
But distance is still here. No sign
Will be revealed by water’s gleam.
Un poète
Se voulait-il une torche
Qu’il eût jetée dans la mer ?
Il alla loin dans les flaques
D’entre là-bas et le ciel,
Puis il se retourna vers nous,
Mais le vent l’avait désécrit
Bien que sa main fût crispée
Sur les mondes de la fumée.
Feuilles éparses de Sibylles,
Parole extrême déchirée,
Que dit-il ? Nous n’avons pas su.
Il croyait en des mots plus simples,
Mais là-bas n’est qu’ici encore,
Et nul signe n’est l’eau qui brille.
“Facesti come quei che va di notte…”
He brandished a peculiar torch:
Its double gleam perplexed the souls
Who groped along behind him,
Striving not to fear the abyss.
Guide, why have you never shone
On your own body the light you hold?
Have you no need to see the cleft
That opens up beneath your steps?
But such is allegory’s fate: its deviser
Never knows, and must not know, where
His words arise, and where they fall.
His foot seeks toeholds in the void.
His flights of speech veer and quake,
Like flames more dreamless than ash.
« Facesti come quei che va di notte… »
Il agitait une sorte de torche
Dont la double lueur déconcertait
Ces autres qui cherchaient derrière lui
À ne pas avoir peur, le long du gouffre.
Guide, pourquoi n’as-tu, sur ton propre corps,
Rien de cette lumière que tu offres ?
N’as-tu aucun besoin de percevoir
Le vide qui se creuse sous tes pas ?
Mais tel est le destin de l’allégorie :
Qui parle ne pourra ni ne doit savoir
D’où vient et où s’abîme sa parole.
Son pied cherche le sol à même le vide,
Son vol hésite et vire dans ses mots,
Flamme de moins de rêve que la cendre.
The Mocking of Ceres
Trying to befriend his fever’s words,
He peered through the clouded glass
Of his sleep. Outside, he heard talking.
He cracked the door: darkness, night…
Painter, whose hand is this you hold
While you sleep? Why not let go?
Can clinging to the hand of a child
Save you from the unrelenting fear
That blights your images? I dream
You will guide his trust to Ceres, who judges,
But also suffers; condemns, but also loves.
I dream you will make peace between desire
And the child: so his bafflement will cease,
And desire no longer lead him to his doom.
La dérision de Cérès
Par amitié pour les mots de sa fièvre
Il regarda par la vitre embuée
De son sommeil. On se parlait, dehors,
Il entrouvrit sa porte, il faisait nuit.
Ah, peintre, qu’est-ce donc que cette main
Que tu prends dans la tienne quand tu dors,
Pourquoi la retiens-tu, cette main d’enfant,
Comme si sa pression te délivrait
D’une peur qui ravage tes images ?
Moi, je rêve que tu en guides la confiance,
Jusqu’à celle qui juge, qui condamne,
Mais qui aime, et qui souffre. Que tu réconcilies
L’enfant et le désir. Qu’il n’y ait plus
D’étonnement dans l’un, de vindicte dans l’autre.