Familiar Faces (1960-1966)
The clarity of familiar faces
during a troubled childhood;
they nevertheless return,
crossing the gauze
of years
and, in their freshness,
approach, smiling
with a secret;
You, here, why?
But us, why do we favor them?
In this enchanted universe,
no definitive trial
leads us astray.
Close to these clean faces
others dancing Ring Around
the Rosie,
and these words, stories,
murmur, hurt us with violence,
which, already, in our little circle,
happened;
and we wandered through gardens,
randomly, we thought.
She was afraid of feathers,
this blond girl; the brunette
had a pug nose,
crooked teeth,
her father died in the war.
Redhead, with fine streaks of gold,
blushing, angry,
never had anyone over
-out of what shame?
Her skin was transparent
to such a degree you could see a blue net
on her girlish temples
delicate with grey-blond hair,
fine and short,
a pageboy cut.
Her big brother told her
all sorts of nonsense which she repeated to us
walking around the courtyard.
The most joyful, she said
unexpected things to mad laughter.
Today we pass these streets
where these little people lived.
What else could we have known?
Girlfriends
On this street there was
a cottage
since forgotten;
maybe she lived there
living a life unknown
to us, her girlfriends.
The gate painted green
is visible from outside,
and the short alley, the glass
door, stenciled
with the black leaves of the laurel tree.
We thought we saw the garden
in the clarity that comes,
fleetingly.
Visages connus, 1960-1966
La netteté des visages connus
dans l’enfance inquiète ;
ils reviennent pourtant,
traversant la gaze
des années
et, dans leur fraîcheur,
approchent, souriants
d’un secret ;
Vous, ici, pourquoi ?
Mais nous, pourquoi les préférer ?
Dans cet univers enchanté,
il n’était pas d’épreuve décisive
qui nous égare.
Auprès de ces visages nets,
d’autres tournent
dans la ronde,
et ces mots, ces histoires,
bruissent, nous blessent de la violence,
qui, déjà, dans notre petit cercle,
avait cours ;
et nous allions dans ces jardins,
au hasard, croyions-nous.
Elle avait peur des plumes,
cette blonde ; la brune,
avait le nez rond,
les dents écartées, devant,
son père était mort à la guerre.
Rousse, de fins fils d’or,
elle rougissait énervée,
n’invitait pas chez elle
– pour quelle honte ?
Sa peau était transparente,
tellement qu’on voyait des filets bleus,
sur ses tempes de fille
fluette aux cheveux blonds gris,
fins, et courts
à la garçonne.
Son grand frère lui racontait
bien des bêtises, qu’elle nous redisait
en promenade dans la cour.
La plus joyeuse, elle avait des mots
inattendus, à rires fous.
On passe aujourd’hui dans ces rues
où vivaient ces petites personnes.
Qu’aurions-nous su davantage ?
Petites amies
Il y avait, sur l’avenue
une maison à jardinet
qu’on a depuis oubliée ;
elle habitait, là, peut-être,
vivait une vie inconnue
de nous, ses petites amies.
La grille peinte en vert
s’apercevait du dehors,
et la courte allée, la porte
vitrée, avec l’enlacement
des feuilles noires du laurier.
Nous croyions voir le jardin,
dans la clarté qui venait la visiter,
fugitive.